Dominique Regnier Sculpteur Marbre
Marbre de Golzinne, de Sarrancolin, de Villerambert
L’effet Papillon
Aux hasard de formes généreuses, les courbes façonnées par l’artiste Dominique Régnier sont radicalement le fruit d’un talent on ne peut en douter. Né en 1951, notre artiste est l’archétype même du sculpteur autodidacte que la vie a poussé aux portes de sa passion. Au gré de dimanches à arpenter le marché des artistes, lui vient alors le défi de se présenter lui-même, avec quelques œuvres réalisées pour l’occasion. Les yeux éblouis d’inconnus, dès les premières minutes, le firent passer d’amateur au statut de professionnel confirmé.
Le marbre et le bois.
Depuis les années 80, il s’engage à rudoyer inlassablement le marbre et le bois, avec amour. Issu de bloc pour l’un, d’arbres tombés pour l’autre, c’est au cœur de ces matériaux originaires du ventre de la terre qu’il prémédite des corps sculptés de sensualité. Une sensualité souvent provocante qui accompagne, oriente ses outils, inlassablement, de pièce unique en pièce unique.
Art impulsif et gestes de précisions
Dominique Regnier part à la conquête de ses créatures en attaquant la pierre en taille directe. Il s’inspire de photographies de femmes provenant de magazines et depuis quelques années s’émerveille des limbes de l’internet.
Sculpter à l’instinct
On suppose qu’il lui est nécessaire de passer par un travail de volume via un modèle réduit en terre ou en plâtre ?
Pas du tout, il préfère excaver la matière à l’aide de ciseaux pneumatiques et divers burins pour laisser la rencontre guider les formes qu’il cherche à lui donner. Il est de ce fait complexe pour l’artiste d’expliquer les différentes étapes de sa démarche tant elles sont guidées par son instinct. C’est également une des raisons pour laquelle il ne peut prendre de commande. Il a besoin de laisser libre court à son imagination et à l’impulsion créatrice, inhérente à tout artiste selon lui.
Le marbre, inépuisable poésie
Au-delà des premiers corps sculptés dans du bois de toute nature, il est aujourd’hui désireux d’accorder une importance première au travail dans le marbre, de toute nature aussi. Les cailloux lui permettent d’explorer les caractéristiques plastiques des plus variées et des plus surprenantes possible. Contrairement à des pierres calcaires parfois sableuses et granuleuses qu’il eut exigence à s’essayer il y a quelques années, le marbre au contraire est bien plus homogène en termes de densité. Il est la résultante de roches métamorphiques dont la formation se fait suite à un changement d’état, en particulier lié à la pression et hautes températures, d’une roche initialement sédimentaire ou magmatique.
La matière du marbre
Ce minéral est pour le moins plaisant à travailler malgré sa rudesse, spécifiquement pour la diversité d’aspect qu’il possède. Des couleurs denses et lisses aux veinages pigmentés, c’est un territoire d’exploration à la surface même de la matière qui se renouvelle sans fin. En outre l’un des avantages de cette pierre au pouvoir certain se situe dans la multitude des aspects de finition qu’elle offre à contempler. L’artiste se soumet à cette gamme apparente pour magnifier au fil de ses surprises les courbes qu’il génère.
Sensations visuelles
C’est là que Dominique Regnier impressionne : que ce soit sablé, gratté, attaqué à l’acide chloridrique, chaque traitement de la surface est totalement maîtrisé. Les effets de dentelles et de drapés qui habillent les corps dévêtues naissent sous cette précision du geste, autant dans la taille que dans la finition. Des sensations visuelles de textures, de fragilité, accrochent le regard, naviguant entre la justesse et les teintes révélées. On croirait presque qu’il s’agit d’un ajout final de lingerie fine délicatement posée par l’artiste alors que ce n’est autre qu’un jeu d’optique, voulu, en surface.
Texture brute
Pourquoi une zone brute sur ces sculptures ? Il souligne ainsi où se cachait l’œuvre : ce choix s’harmonise merveilleusement avec son goût aussi sûr que désinvolte. Elles deviennent alors des nymphes farouches sorties du roc primitif.
Histoire de la matière…
La naissance de ces formes délicates prend racine dans l’amour incontestable que porte Dominique Regnier à la beauté des femmes et leurs lignes onduleuses. La pierre elle-même n’y résiste pas. Comme pour ajouter au sublime une étincelle, le choix du matériau est circonstancié. Le sculpteur fait préalablement une sélection méticuleuse des marbres dont il usera le poids et la dureté pour en extraire la plus légère et la plus douce œuvre d’art. Il se rend lui-même sur les différents sites pour choisir les marbres, toute une technique pour voir ce que révèle la pluie ! Il les rapporte ensuite dans son atelier Lotois.
Marbre de Sarrancolin.
Le marbre de Sarrancolin, dit également « marbre des Rois » fait partie de ses favoris. Cette appellation fait certainement référence aux différents endroits où on peut le retrouver tel que le Palais de Versailles et certains châteaux de la Loire.
Marbre Noir de Golzinne
Et que dire du fameux marbre Noir de Golzinne, provenant de bandes rocheuses Belges. Ce calcaire micro-cristallin à la texture particulièrement fine contient des matières organiques finement dispersées au cœur de la roche d’où sa couleur d’un puissant noir, homogène et uniforme. Sans marbrure pourrait-on dire, ce qui le rend magique. On le retrouve notamment à la fin du XIXème siècle à l’usage de la marqueterie.
Marbre Rouge de Villambert
Fort intéressé par ces marbres précieux employés dans des temps anciens, Dominique Regnier se procure du Marbre Rouge de Villambert, identifiable par sa teinte d’un rouge intense que l’on peut admirer à l’Opéra Garnier ou sur l’Arc de Triomphe. Ce marbre exploité dès l’époque romaine dans les constructions médiévales et par la suite grand objet de curiosité de la part du roi Louis XIV, illustre pleinement l’origine du mot marbre. En effet ce mot n’est autre que le dérivé du grec marmare qui signifie pierre resplendissante ! Le marbre représentant une certaine forme de noblesse à travers les âges mais aussi l’image de la pérennité et de l’émotion fût une évidente rencontre entre les idées immanentes du cerveau de l’artiste et la projection recherchée d’une sensualité féminine résistant à toutes épreuves.
Belles carrosseries
Vous, le charme…
En sa qualité d’ancien photographe publicitaire pour l’automobile, certaines personnes à l’humour grinçant s’accordent à dire que l’artiste a souhaité changé de carrosserie. Ne s’en cachant pas lui-même, le sculpteur consent au caractère érotique intrisèque de ses marbres éclatant de vie. Le souhait de ne pas représenter de visage tient en cet attachement à ne pas personnifier ces sculptures.
Objets de luxure
L’honneur est à la prépondérance du corps en tant qu’objet de luxure. Sujet dont il ne se lasse pas tant il est riche et inspirant. C’est d’ailleurs supposément pour cette raison que l’on retrouve chez les amateurs et collectionneurs un éclectisme qui parle de lui-même.
“L’érotisme est l’une des bases de la connaissance de soi, aussi indispensable que la poésie.”
Anaïs Nin
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