Peintures de Nus
Katia Kostoff
Donnez-lui de la gouache et du papier, Katia Kostoff esquisse sans pudeur au bout du pinceau, des femmes et des hommes vivants, beaux, aimants. Le nu est un thème vieux comme le monde, les œuvres se font écho avec élégance et passion, charme et humour, vie et amour.
Invitation à la contemplation
Sensualité, Matérialité, Subtilité.
C’est par ces trois noms féminins que l’on peut qualifier la teneur du travail de Katia Kostoff et de sa relation au dessin de nu. Par le biais de cette série réalisée en cette période si particulière que nous traversons, l’artiste nous invite à la contemplation. Celle de la beauté des corps dans leur plus simple appareil, magnifiés d’une délicate fugacité. On reconnaît sa patte artistique empreinte d’émotion et de vitalité.
Parcours de l’artiste
Artiste peintre aujourd’hui accomplie et reconnue par ses pairs, Katia Kostoff revient à ses premières amours. Cette kyrielle de nus s’anime avec la délicieuse saveur d’une madeleine de Proust. Assurément, Katia Kostoff renoue sous ses gestes avec ceux initiés par l’Académisme enseigné aux Beaux Arts de Paris. Elle y passera 4 années de sa vie entre 1964 et 1968, juste avant les révoltes de mai qui feront prendre un nouveau tournant aux disciplines que sont les arts plastiques et les arts appliqués.
Anatomie
Durant ces études, les jeunes artistes sont formés à développer un art qui avance la primauté du travail du dessin, plutôt que celui de la couleur et des sujets. De nombreux modèles sont passés aux peignes fins des heures durant. La finalité étant d’en déceler la plus complexe et précise anatomie. Compétences que Katia Kostoff développera également au sein de grands ateliers parisiens tels que les ateliers de la Grande Chaumière, l’Académie Julian, la Section d’Or et Corlin. C’est une véritable histoire d’introspection au sein de son propre parcours personnel et de l’évolution de sa démarche artistique qu’elle nous invite à découvrir.
Peintures de Nus
Au cœur de ces 12 peintures à l’encre, le doute n’a pas de place. Le propos parle de lui-même. Nous pouvons admirer la formidable cambrure des corps parfois en tension. Celui-ci est célébré dans la pureté de sa pudeur. Ces corps aux allures d’athlètes que l’on observe en prodrome ou déjà élancés évoquent sans détour la Grèce antique. Les stades athéniens et la recherche constante de la perfectibilité des musculatures. En effet, des références à Léonard de Vinci et l’Homme de Vitruve viennent chatouiller la rétine du spectateur. Spectateur dont Katia Kostoff cherche à attirer l’attention.
Une oeuvre mature
Le sortir de son habituel pour l’emmener rencontrer d’autres émotions, sa sensibilité, sa rêverie. Car c’est bien de cela qu’il s’agit lorsque l’on pose notre regard sur des va et viens vivants, des pleins et des vides, maîtrisés. Incontestablement, c’est une œuvre tout en maturité. L’artiste focalise son attention sur ce que le sujet a de plus élémentaire. Sans fioriture, sans superflu, dans une élégante simplicité, elle appelle à l’éveil de notre émotivité naturelle.
De l’intention au geste
Lors de la genèse de la création, l’esthétique recherchée amène un travail de réflexion autour de la posture et de l’attitude qui donnent la voie à emprunter. Dans un premier élan, des esquisses préalables lui permettent d’affirmer une intention, puis, de venir d’une caresse suave à l’encre de chine noire et sépia, faire parler la spontanéité et la finesse du tracé. C’est le goût du risque, celui de l’instant. L’irrésistible spontanéité du geste pourtant si précis reste périlleux. C’est ce qui donne l’adrénaline aux artères de l’artiste, qui lui insuffle l’impulsion de la création dans sa tâche
Structure des Nus
La tâche, c’est bien aussi de cette conquête dont il est question. Elle n’a rien de figée, elle est au contraire élancée et dynamique devenue indissociable de son support. L’artiste revient ensuite restructurer l’ensemble à la plume pour accentuer le délicieux jeu d’ombre et de lumière dont nos yeux sont si gourmands. Les masses et les creux s’accordent à la perfection. Équilibré. C’est un véritable exercice de précision qui se déploie en toute sensualité à travers des courbes ardentes et dynamiques. On remarque que ce sont ces courbes issues des corps en mouvement qui intéressent la main créatrice.
Le Corps
Les visages sont ici secondaires face à la prédominance des corps. Cependant ils sont bien loin d’être anecdotiques. Ils ajoutent une note de volupté dans les mouvances énergiques qu’ils dessinent. Sans eux, l’ensemble perdrait de son intensité et de son apparente humanité. Ils ont volontairement été dessinés dans un même élan en accompagnant la gestuelle des corps qui les éprouvent. Leurs fougueuses chevelures apportent également un accent érotique malicieusement conscient ou inconscient.
Formes, vibrance et texture
Cette touche provocatrice est aussi un acte significatif chez Katia Kostoff. En opposition avec l’approche académique initiale, c’est ce qui en fait une création moderne, ouverte. Sa recherche est centrée sur la matérialité des éléments qui nous entourent. Elle utilise la peinture pour transposer des formes, des vibrations, des textures. Notre œil est alors attiré par une surface trompeuse.
Simplicité
En apparence d’un tout autre bord, on retrouve cette quête de la matérialité animée, en présence, dans le dépouillement des corps mis à nu. À l’aide d’une technique et d’un support sans artifice, ils se révèlent merveilleusement dans la simplicité de leur intimité. Telles les pointes d’or qu’elle aime avec parcimonie utiliser dans ses nombreuses œuvres, faisant écho à ses origines macédoniennes.
Entre le passé et le présent
En somme, c’est une belle boucle que nous offre à considérer Katia Kostoff. Nous sommes amenés à traverser une passerelle qui relie le passé et le présent, tout autant dans l’histoire de l’art, que l’histoire des arts dans la relation intime avec l’artiste. Celle-ci même qui poursuit une évolution ainsi qu’une remise en question constante, sur comment une matérialité peut parvenir à réveiller chez celui qui la regarde, l’attrait du beau et de l’esthétisme en toute humilité.