Portrait acrylique et huile
Elaura
Ôde à la joie ! Ôde à la beauté !
C’est peut-être bien le message de Elaura, superbe signature pour cette jeune peintre, aux talents pourtant déjà confirmés. Il est de fait impossible de rester de marbre devant ces grands formats exaltant de couleurs, tels de véritables hymnes à la gaieté. L’œil qui les découvre se trouve projeté dans une hallucination psychédélique, parachuté dans un rêve aux contours et aux formes oniriques. Le choix des sujets peints, variés et électriques, nous immerge dans un songe inspiré des années 60, époque chargée d’images à l’univers aussi envoûtant qu’euphorique.
Superposition et transparence
Lors de la réalisation, un premier travail de fond est effectué à l’acrylique. Ce choix est privilégié notamment pour l’intensité de ses pigments. Ce fond coloré fluctue en fonction des inspirations et humeurs de l’artiste mais reste toujours dans des teintes lumineuses et séduisantes. Une deuxième démarche vient ensuite compléter l’approche à l’aide cette fois d’une peinture à l’huile avec laquelle elle réalise ses portraits. Opération qu’elle s’emploie à exécuter à l’instinct, agrémentant la tâche d’un défi à relever ! L’adrénaline produite étant l’un des moteurs de sa créativité.
Fond et formes
C’est grâce à l’association de ces deux techniques que l’effet recherché de transparence est rendu possible. Cela permet un fondu entre fond et formes évoquant les aquarelles et encore les estampes japonaises. L’artiste marie les traditions picturales chinoises, japonaises et occidentales, et pour approcher avec génie l’art du dessin de l’art de construire, en mouvement. Évocation qui n’est peut-être pas tant le fruit du hasard. Lors de son enfance, Elaura passait beaucoup de temps à dessiner dans le bureau de son père, lui-même dessinateur en agence d’architecture.
Portrait acrylique et huile, Influence de l’aquarelle
Elle sera ensuite prise sous l’aile d’une aquarelliste durant son adolescence qui lui fera alors découvrir la passion d’une peinture se voulant vivante, légère et colorée. Passion pour cet art diaphane qui ne la quittera plus. Elle développera entre autres, assez rapidement la technicité des dessins en grand format, durant une expérience professionnelle en tant que peintre pour les décors de théâtres.
Le sublime sous nos yeux révélé
Dans ces toiles, Elaura met en lumière le sublime aux milles facettes dont notre monde dispose. Son intention est de révéler la poésie qui émane des visages plissés, ridés, des femmes et des hommes en leur accordant une attention si douce et bienveillante. Serait-ce sa façon de nous inciter à mieux regarder nos aînés avec tendresse et émoi ? Une intuition. Grisante beauté aussi dans d’autres portraits, qui nous saisissent par la puissance du regard éclatant qui les habite. Le souci du détail associé au plaisir de l’artiste sont à la source de nos ressentis. À travers leurs yeux, c’est une composition créatrice de paix qui se donne à voir.
Nature vivante, à l’instar de toute nature morte
Symbiose entre les êtres humains et la nature dans laquelle nous vivons, en intime relation. Quel défi relevé que de superposer une nature luxuriante, mélange de fleurs, colibris, carpes koïs, abeilles, libellules ou papillons… Tel un tableau dans le tableau, parures de ses visages de femmes, invitation tout en un à la contemplation d’une harmonie retrouvée ; reflet d’un certain désir d’unité ? Celui d’avoir une existence en étroite connexion avec tout le vivant. Dans une société de plus en plus énergivore et destructrice de son milieu, une reconsidération du beau dans ce qui nous entoure et dont nous sommes partie est nécessaire face à l’éphémère.
Malles à mystères
Elaura est également inspirée par ses lectures d’où elle aime extraire citations éclairées et légendes fantasmagoriques. On retrouve notamment des références à Pierre Rabhi ou à Arthur Golden cachées dans le geste de l’artiste. On croise des personnages inattendus mais iconiques à l’instar de la Mère Michelle. Si vous avez l’âme curieuse et rêveuse, peut-être saurez-vous déchiffrer les histoires qu’Elaura raconte dans sa peinture.
Tranches de vie
Chaque tableau narre un morceau de vie, des émotions personnelles très incarnées. Sa propre existence, les moments importants qu’elle a vécu sur son chemin, comme pour beaucoup d’artistes, teignent sur son art comme un exutoire d’expériences. Les différents récits qu’elles dessinent sont offerts au collectionneur de ses toiles, tel un trésor, un secret ou un diamant à mille facettes qui désormais lui appartient.
À la conquête de l’humain et de sa candeur par la peinture
Toujours en quête d’un certain renouveau, sa recherche plastique évolue et se peaufine au gré du temps et du travail. L’exploration est le maître mot qui guide ses sens. Il est surprenant par exemple, de percevoir un intérêt rieur pour le street art dans l’une de ses séries. Elle tire de cette pratique un effet de style et d’écriture percutant qu’elle marie avec contraste à ses portraits de femmes cambodgiennes. L’éclat de leurs sourires associé à une palette de couleurs rappelant celle de Mondrian irradie d’une force spectaculaire les espaces où ils s’exposent.
Contrastes
L’opposition entre les portraits en noir et blanc et la pluie colorée présente un jeu ingénieux avec lequel l’artiste aime manier le pinceau. Les creux et les courbes des visages n’en sont que mieux soulignés et les couleurs vives ressortent d’autant d’une chatoyante intensité. Ces deux techniques associées avec brio produisent un résultat à l’esthétique spectaculaire.
Plénitude réjouissante
La malice et la mise en joie de la vie du quotidien sont les ingrédients qui structurent et texturent les créations contemporaines de la jeune femme. C’est avec une élégante pudeur qu’elle parle de sa production artistique et de ce qui l’anime en ces mots :
« Le fond représente l’esprit du portrait, son monde onirique, ses espérances, ses humeurs…Tandis que le portrait est la forme réelle évoquant un moment de vie. Je réalise des mélanges de manière aléatoire en cherchant le vivant afin de renvoyer une belle énergie positive».
Pari réussi, qui a gagné Tania au premier coup d’œil ! Voici la vedette acquise à l’occasion de cette très belle rencontre… L’ombre telle la lampe d’Aladin est pure magie :)
-Lien vers la page Pinterest de l’artiste