Un artiste monochrome
Tableaux monochromes contemporains: Né en mai 1966, c’est très jeune que Did Moreres multiplie les expériences osées en sa qualité d’architecte d’intérieur et artiste plasticien. Comme bien des parcours marginaux, la créativité mène à une maturité et une maîtrise. Sa jeune cinquantaine lui inspire à présent une nouvelle quête pour donner formes et vie à ses visions intuitives.
Couleurs et pigments
Reliefs de vagues monochromes aux ombres profondes – l’incontournable bleu Yves Klein, mais encore la poudre de zinc ou de cuivre, la feuille d’or ou d’argent, la terre de Cassel… sont parmi les effets monochromatiques qu’il explore. Les pigments sont travaillés à l’huile de lin, poli ou dépoli pour atteindre la texture. Les nuances les plus abouties offrent une ambiance lunaire.
Support sculptural
A l’instar de Soulages, le support sculpté va participer à définir le rendu de l’ “Outre-noir” (mot du maître pour bien marquer que c’est au-delà du noir). Cette couleur noir parmi les noirs, aussi diverses que l’induisent l’éclairage, l’ombre et la lumière. Tous se prêtent au jeu de la profondeur variant par l’aspect qui va surprendre l’artiste lui-même. Il n’y a plus le noir mais du noir ici velouté ou soyeux, là faisant songer au cuir ou encore au caoutchouc…
Ce rendu si inattendu déclenche la première question :
“Comment c’est fait, c’est en quelle matière ?”
La réponse esthétique de Did Moreres
Y répondre bien sûr, pour mieux revenir à l’alchimie de l’oeuvre. Il y a une toile, une structure de fil de fer ajourée, de la mousse, du tissu drapé, du plâtre. Voilà pour la forme plastique, pensée, voulue et réalisée par l’artiste cherchant à relever un défi tant visuel que sensuel et sensoriel. Et enfin des patines, visant elles cet éternel défi esthétique. N’utiliser qu’une seule couleur est tout l’art du monochrome, faut-il encore lui donner vie et sens. Naturellement, notre regard va y plonger naviguant sur les vagues de ses propres perceptions.
Texture et effet matière
Tactiles se veulent aussi certains de ces tableaux, à la façon d’une sculpture qui appelle la main. Dirait-on que Moreres transcrit cette sensation tactile en y invitant ? Pour aboutir à l’aspect de la matière désirée, il teste ses mélanges, manipulent les matériaux. Puis il déniche des recettes. Il cherche le « perceptible » au toucher pour célébrer ce mariage des sens par un effet de trame : la texture.
Intuition symbolique
L’évasion est permise par la présence d’un arbre, inattendu, qui invite à penser, et au-delà à penser la Nature. D’aucuns songent à Bram Bogart, le travail de Moreres vise davantage un désert émotionnel où la contemplation devient sens. L’arbre, par sa seule présence, nous conduit à l’humain, au vivant, au sens du monde, à une façon de paix intérieure.
Explorer l’abstrait
Dès lors, ces tableaux ne sont plus abstrait, là aussi Moreres va plus loin. Depuis plus de 20 ans, créateur d’espaces où il fait bon vivre, l’artiste est toujours habité par sa passion d’innover. Tel un chercheur il tente de nous donner à voir un univers visuel cosmique en toute singularité, touchant de réel.
Une oeuvre polychrome
Ses rouges, noirs, bleu, métalliques lustrés ou satinés, bronzes, rouilles, jaunes soleil, blancs immaculés approchent l’abstrait de manière charismatique. Ses monochromes aux reliefs quasi hypnotiques font preuve d’une justesse où émotions et sensualité sont conviées.
Tableaux monochromes contemporains
Alliant les pigments de couleur et les végétaux, ses compositions ondulantes et ondoyantes aux formats atypiques ouvrent aux rêves ou à la méditation. Elles répandent un certain zen, sentiment de détente propice à la réflexion. Ses paysages plastiques oniriques nous caressent le regard. La force monochromatique permet d’aboutir à des nuances de teintes profondes et sans pareil, magnifiées par les volumes.
L’Art monochromatique
Insondables bas-reliefs voluptueux parcourus d’ondes, camaïeux des pensées de l’artiste, ses peintures suggèrent la sculpture en saillie puissante. C’est bien l’après vingtième siècle sans pour autant ignorer l’héritage de Malevitch qui a induit le tout, visant à une sorte de méditation sur l’essence même de l’art, fondateur du suprématisme par l’abstraction géométrique.
Références fameuses
Ou au contraire celui de Rodchenko qui dénonçait quant à lui la mort de la peinture il y a 100 ans déjà. Ni même celui de Yves Klein qui est le seul à assumer parfaitement la définition du monochrome, le triomphe de la couleur pure.
La filiation la plus évidente est celle de Pierre Soulages. Avec la modestie qui s’impose, Moreres est davantage dans cette continuité, travail à la recherche de la complicité des matières, des ombres et de la lumière.
Monolithes de beauté
Maîtres pour avoir révolutionné l’histoire de l’Art, il ne s’agit plus aujourd’hui d’aborder l’objet comme on le pratique encore – et c’est heureux – dans les Musées. Au quotidien, chez soi, l’art entre dans nos décors et notre environnement. Celui de Did Moreres trouve sa place et pour cause. Ces tableaux reposent, apaisent, esthétiques et porteur de sens, conviant la liberté totale. Il rythme nos battements de coeur et notre respiration à une allure propre à chacun.
Pierre Soulages
Sources & Références:
- La seconde collection « #Hashtag » de l’artiste Did Moreres
- L´oeuvre monochrome d´Yves Klein et le bleu IKB74
- Le Noir de Pierre Soulages référence en la matière
- Les oeuvres de Did Moreres sur Pinterest