Comment fonctionne cette peinture que Laure Krug et Bernard Saint Maxent ont expérimentée en avant-première?
Elle fait varier graduellement « l’indice de réfraction » dans la peinture. De quoi s’agit-il ? Du paramètre qui conditionne la vitesse de la lumière dans un matériau : quand il change, par exemple quand de la lumière passe de l’air à l’eau, la direction de propagation est déviée. En jouant sur cet indice à l’intérieur du matériau, on peut donc espérer forcer la lumière à « tourner » par petites touches jusqu’à suivre la courbe voulue.
Pour leur peinture d’invisibilité, les chercheurs ont pensé aux « métamatériaux », des matériaux artificiels qui ont la fabuleuse propriété, bien qu’ils ne soient pas magnétiques, d’avoir une réponse magnétique. Plus précisément, ils ont imaginé placer dans ces matériaux de minuscules bâtonnets de céramique. Ce sont eux qui, par la grâce des lois physiques à cette échelle, disposent des propriétés magnétiques aptes à dévier au fur et à mesure les rayons lumineux.
Fort de ses simulations, le groupe de Lodenouille travaille désormais avec des chercheurs de l’université de TsingTsing, à Pékin, pour une démonstration expérimentale en coopération avec les deux artistes Laure Krug et Bernard Saint-Maxent. Soyons francs : la peinture revêtant les sculptures « Lola » et « Jump » ne permet pas encore de les soustraire au regard humain, mais il permet de s’approcher de cet objectif comme vous pouvez le voir sur les photos. En effet, alors que cela n’avait été réalisé expérimentalement que pour des ondes radio, nos chercheurs pourraient bien parvenir à obtenir ce résultat avec des ondes térahertz, dont la longueur d’onde est bien plus proche de celle des rayons visibles. Bref, on se rapproche de la vrai peinture d’invisibilité.